Dans un environnement marqué par l'attrait du luxe et une abondance de crédits bon marché, même les plus avertis des investisseurs peuvent perdre de vue les signes de déclin de certains modèles d'entreprise.
C'est le cas du modèle de magasin grandiose, ancré dans l'histoire de la consommation moderne, mais qui montre aujourd'hui des signes de faiblesse.
En effet, Jelmoli, un magasin emblématique ouvert à Zurich en 1899, s'apprête à fermer ses portes pour se transformer en un espace à usage mixte avec une surface commerciale réduite.
Swiss Prime Site, son propriétaire, a conclu que la viabilité économique de vendre des produits de luxe dans un "palais de verre" n'était plus assurée pour 2024.
Son voisin, Globus, malgré la détermination de sa direction, connaît également des problèmes, ayant enregistré une baisse de ventes avant même la pandémie.
Ces difficultés soulèvent la question de la pertinence du modèle des grands magasins de luxe.
En novembre, Signa, le groupe de René Benko et copropriétaire de Globus, a fait face à un effondrement.
La chute de Signa s'explique par plusieurs facteurs, tels que son effet de levier, la complexité de son entreprise, et l'autorité dominante de René Benko.
Cependant, un élément crucial reste le pari risqué du groupe sur les grands magasins, maintenant ainsi des mythes autour de leur succès.
Signa a acheté des lieux réputés comme Globus, mais a aussi remplacé de vieux magasins de ville par de nouveaux "temples de la démesure".
La stratégie consistait souvent à séparer les bâtiments des entreprises gestionnaires et à financer les deux séparément, tout en montant en gamme dans les produits et services proposés, augmentant ainsi la valeur des biens immobiliers.
Cependant, malgré les affirmations de Signa sur la qualité "ultra-premium" de ses biens immobiliers, la réalité du secteur du retail est plus nuancée.
Par exemple, le célèbre magasin KaDeWe à Berlin, vieux de 116 ans, a dû demander l'ouverture d'une procédure d'insolvabilité en janvier, en partie à cause des loyers élevés facturés par Signa.
Bien que Central Group, co-propriétaire avec Signa, soutienne que le magasin se porte bien, l'avenir reste incertain.
L’évolution du marché du luxe montre que si les grandes marques survivront avec leurs produits haut de gamme, le segment du luxe "aspirationnel" qui cible les clients des grands magasins de luxe éprouve des difficultés.
Même une baisse des taux d'intérêt et une augmentation du revenu disponible des consommateurs pourraient ne pas suffire à redresser la situation des grands magasins de luxe, qui offrent moins de choix et pratiquent des prix plus élevés que sur Internet.
En conclusion, il semble que les stratégies agressives de Signa aient accéléré le déclin d'un modèle de commerce déjà en perte de vitesse.
Responsable de plateau d'affaires
2 moisCe bleu est top, belle alliance de couleurs, bravo !