L’économie circulaire au cœur de la transition environnementale

Alors que la crise climatique et l’urgence de la transition énergétique placent les sociétés au pied du mur, les entreprises sont invitées à modifier radicalement leurs modèles de conception et de production. Cette transformation majeure passe par le recours massif à des techniques et à des matériaux faiblement consommateurs de ressources naturelles, le recyclage et la réutilisation systématiques des outils et des matières, ainsi que la large promotion des circuits courts.  

Cette nouvelle édition de la newsletter The Agility Effect est consacrée à : l'économie circulaire

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Qu'est-ce que l'économie circulaire ?🔄️

Il n’existe pas une, mais de nombreuses définitions de l’économie circulaire. Selon que l’on se situe dans le champ de la recherche académique, dans celui des politiques publiques, dans le monde associatif ou dans celui de l’entreprise, diverses lectures pourront être proposées. Pour autant, au-delà de leurs différences, toutes puiseront dans un registre intentionnel commun : proposer un nouveau paradigme économique pour accélérer la transition environnementale.

Un schéma plus circulaire, articulé autour de trois volets fondamentaux :

1. Gestion des ressources durables : Réemploi et recyclage des ressources précédemment considérées comme déchets.

2. Atténuation du changement climatique : Réduction des émissions de gaz à effet de serre.

3. Augmentation de la maîtrise des ressources : Amélioration de la sécurité d'approvisionnement des ressources localement.

En bref, l’économie circulaire consiste à moins extraire, moins produire, moins rejeter, moins gaspiller, et à réemployer, réparer et recycler autant que possible les flux de matières et d’énergie.

INTERVIEW🎙️ : Comment accélérer la ville circulaire ?

The Agility Effect a fait dialoguer Céline Acharian , directrice générale de La Fabrique de la Cité , et Sylvain Grisot , urbaniste, fondateur du cabinet dixit.net, pour discuter des questions essentielles liées à la transition environnementale.

Qu’est-ce que la ville circulaire ?🏙️

Sylvain Grisot : Une ville circulaire est celle qui passe du modèle linéaire traditionnel de développement urbain, qui consiste à s’étendre sur de nouvelles terres agricoles pour construire, à un modèle circulaire qui maximise l’utilisation efficace de l’espace existant. Cela implique de créer plusieurs boucles pour optimiser chaque mètre carré.

La ville circulaire, c’est donc d’abord freiner l’étalement urbain ?

Céline Acharian : Aujourd’hui, nous savons tous que les sols sont essentiels à la lutte contre le réchauffement climatique et aux dynamiques d’autonomie alimentaire. Bref, il s’agit de densifier à périmètre constant, à partir de l’existant.

Sylvain Grisot : L’étalement n’est pas le problème, c’est le symptôme. L’étalement urbain, alimenté par la dépendance à la voiture et entraînant l’érosion des sols et la perte de biodiversité, doit être abordé. Augmenter la densité urbaine en utilisant les espaces existants et en réutilisant les bâtiments sont des étapes clés.

Comment l’État peut-il aider l’accélération de la mise en œuvre de cette circularité urbaine ?

Céline Acharian : Il y a des guichets de financement, qui ne sont pas inutiles. Mais il faut bien dire que le financement se réduit comme peau de chagrin. L’État devrait plutôt marquer sa confiance dans ce qui se construit à l’échelle des territoires, desserrer les contraintes réglementaires pour laisser place à l’expérimentation.

D’un point de vue méthodologique, quelles approches faut-il prioriser ?

Sylvain Grisot : Les recherches que j’ai effectuées autour de l’urbanisme circulaire m’ont amené à identifier quatre boucles. La première porte sur l’intensification des usages des bâtiments. Il s’agit de considérer davantage les temps d’utilisation que les espaces. La deuxième concerne le réemploi de l’existant, pour éviter autant que faire se peut la démolition et la reconstruction. La troisième boucle est celle de la densification des espaces libres dans les zones urbaines et périurbaines pour de nouvelles constructions. Enfin, la dernière boucle porte sur le recyclage, la renaturation de la ville par la réassignation de nouveaux usages à des friches industrielles ou commerciales à l’abandon, par exemple.

Bâtiment : réemployer avant de recycler

Chaque année, en France, la filière du bâtiment produit 46 millions de tonnes de déchets. Alors que 90 % des déchets du secteur proviennent des chantiers de démolition et de réhabilitation, la pratique du réemploi de matériels constitue une réponse des plus pertinentes.

Comment les entreprises encouragent-elles la réutilisation et le recyclage des matériaux et des équipements ?🏗️

• Crédit Agricole a choisi de redonner vie à des chemins de câbles provenant de chantiers de réhabilitation. Le groupe bancaire et financier s’est également engagé à promouvoir le réemploi de gaines de ventilation, matériels faits d’acier, donc ultra-carbonés.🪢
• Reyuz lancée en 2022 au sein de VINCI Energies permet à ses entreprises de vendre et d’acheter des équipements non utilisés (mobiliers de bureau, équipements techniques, matériels de chantier…).📲

Le va-tout circulaire de l’industrie🏭

Fortement émetteur de CO2, le secteur industriel doit d’urgence basculer vers une sobriété tous azimuts.

🔎Une étude du cabinet OPEO et de l’Institut national de l’économie circulaire (INEC) montre qu’en 2021, si 85 % des industriels considéraient l’économie circulaire comme une véritable opportunité, ils étaient moins de 27 % à avoir engagé une transformation de leur chaîne de valeur au-delà des cœurs d’usine.

Les points d'entrée dans la circularité comprennent :

1. Efficacité énergétique : les fabricants peuvent réduire les émissions et la consommation des ressources en améliorant l’efficacité énergétique. Par exemple, la récupération de la chaleur et la connexion des hauts fourneaux aux réseaux de chauffage urbain peuvent réduire considérablement les émissions de CO2.⚡
2. Outils numériques : l’intelligence artificielle et les jumeaux numériques peuvent aider à surveiller les coûts énergétiques et à anticiper les baisses d’efficacité énergétique. 🖥️

Longtemps, l’économie circulaire a été le parent pauvre du débat public sur la transition énergétique et l’angle mort des politiques associées. Du fait de son rôle structurant dans l’économie et de sa responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre, l’industrie a un rôle majeur à jouer dans l’impulsion et le passage à l’échelle de ce nouveau modèle.

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