Protéines alternatives : bientôt mainstream ?

Protéines alternatives : bientôt mainstream ?

Le secteur protéiforme des protéines alternatives émerge pour répondre à l'urgence de concilier apport en protéines et faible emprunte carbone. Mais pour exprimer pleinement son potentiel il devra lever plusieurs freins, à l'image de notre dernière participation, Edonia.

Rappel des faits : en France, 65% des protéines que nous consommons sont d’origine animale. Selon le dernier rapport de la FAO, l’élevage est responsable de 12% des émissions mondiales de GES, et 70% des terres agricoles sur la planète sont utilisées pour l’alimentation du bétail.  En élevage industriel, produire un kilo de bœuf consomme 13 500 litres d’eau

Comment subvenir à nos besoins en protéines sans abimer davantage la planète ?

Les protéines alternatives esquissent une partie de la réponse : un marché qui devrait (selon une étude du BCG) représenter en 2035 au moins 11% de la consommation mondiale de protéines (contre 2% en 2020), et permettre une réduction des émissions de CO2 de 0.85 gigatonne. L’équivalent de l’impact carbone du secteur de l’aviation…

C’est là qu’intervient Edonia, l’une de nos toutes dernières participations.

Edonia, déjà, c’est une équipe : Pierre Mignon, Hugo Valentin, et Nicolas Irlinger. Les deux premiers ont fait leurs classes ensemble en école de commerce. Pierre a travaillé plusieurs années dans l’industrie agroalimentaire, et Hugo a officié comme directeur de clientèle dans une agence de communication en vue. Ils ont co-fondé une première entreprise en 2021 (déjà dans l’alimentation durable !). Mais avec Edonia, ils ont clairement décidé d’augmenter leur niveau de jeu et d’ajouter une vraie corde (deep)tech à leur arc.

La preuve : Nicolas, le troisième co-fondateur et CTO d’Edonia, avec son profil scientifique, bénéficie déjà d’une solide expérience dans le développement de produits alimentaires à partir de micro-organismes. Un dernier détail qui n’en est pas un : AgroParisTech est aux côtés d’Edonia dès le premier jour, leur technologie étant développée en partenariat.

Car Edonia, c’est aussi et surtout une solution qu'on pourrait qualifier d’élégante : des protéines produites à partir d’un seul ingrédient, les micro-algues, à haut potentiel nutritif, avec en bonus de la texture en bouche et une saveur tirant sur l’umami (la cinquième saveur, qui signifie « savoureux » en japonais : les vrais gourmets savent !).

Alors oui, le marché, le marché est porteur, mais il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Nous avions déjà investi dans Onima, une start-up qui produit des protéines à partir de l’upcycling de levures de brasserie, nous ne partions donc pas de zéro. Nous avons regardé notre base de dossiers reçus depuis un an : sur les 12 dossiers de protéines alternatives et simili-viandes reçus, aucun ne nous avait pleinement convaincus.

Pourquoi ? Parce que le secteur des simili-viandes après avoir connu un développement exponentiel avec des marques comme Beyond Meat ou Impossible Burger, est aujourd’hui en difficulté.

En cause : les prix (deux à trois fois supérieurs aux équivalents carnés) et la qualité organoleptique des produits et l’ultra-transformation.

Le rapport du BCG évoqué plus haut a identifié les principales réserves pour les consommateurs français : le goût (55%), le prix (40%), la texture (40%) et les craintes liées à l’hyper-transformation des aliments.

Tous ces freins, les produits développés par Edonia sont précisément de nature à les lever.

En tout cas, nous, chez Asterion, nous avons été séduits dès la première dégustation. La rencontre avec l’équipe a fini de nous convaincre d’investir aux côtés de 30 membres de notre communauté d'operating angels (toutes nos motivations derrière cet investissement dans cet article).

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