Rarement une étude de style n’avait autant déchaîné les passions. C’était lors de l’avant-dernière édition du salon de Paris, où Peugeot créa l’événement en ressuscitant le coupé 504, sous couvert d’électromobilité, avec l’E-Legend. Un coupé néo-rétro réenchanté par Matthias Hossann, alors en charge du design des concept-cars, sous la direction de Gilles Vidal, qui fit immédiatement l’admiration des visiteurs du salon, au point que Jean-Philippe Imparato, aux commandes Peugeot à l'époque, envisagea un temps sa production en petite série.
Un rendez-vous manqué
Malheureusement, passée l’effervescence du temps présent, la promesse retomba comme un soufflé, faute de capacité du groupe PSA à honorer la rentabilité d’un tel projet de niche. Il faut dire qu’à l’époque, Carlos Tavarès n’avait qu’un champ d’action limité, alors qu’il gérait quatre marques : Peugeot, Citroën, DS et Opel, depuis peu. Mais six ans plus tard, la donne a changé, depuis la fusion du groupe français avec les italo-américains de FCA, créant ainsi le géant Stellantis, début 2021. Ce sont désormais 14 marques, voire 15 en comptant le chinois Leapmotor, qui profitent les unes des autres de profondes synergies afin d’abaisser considérablement les coûts de développement et de production.
Faire appel à une cousine d'Amérique
Dès lors, concrétiser enfin la Peugeot E-Legend en série relèverait presque de l’anecdote, si l’on y réfléchit bien. En effet, la marque sochalienne pourrait parfaitement mettre à profit une lointaine cousine d’Amérique pour donner vie à son fameux coupé. Selon nous, la toute nouvelle génération de Dodge Charger coche quasiment toutes les cases. D’une part en jouant sur un registre néo-rétro esquissant une silhouette similaire avec celle d’un coupé 504, et d’autre part en misant sur une mécanique électrique. Et pas n’importe laquelle puisqu’elle délivre 670 ch capable d’expédier le 0 à 100 km/h en 4,7 s, tandis que la batterie de 100 kWh assure jusqu’à 510 km d’autonomie.
Le minimum syndical pour faire illusion
Bien évidemment, c’est d’un point de vue esthétique que cette hypothétique Peugeot E-Legend de série serait attendue au tournant. Et de ce point de vue, les designers du Lion n’auraient pas forcément besoin d’engager d’énormes frais. Ils leur suffiraient simplement de redessiner la face avant, sans avoir à retoucher le capot, ni les ailes de l’Américaine. De profil, seule la refonte des jantes nous apparaît nécessaire, tandis que la proue se contenterait d’une modification du bandeau lumineux pour y inscrire les griffes lumineuses de l’étude originelle, tout en préservant le bouclier tel quel. Enfin, la suppression du béquet surplombant la malle nous paraît indispensable pour singer les lignes de la 504.
Une mécanique plus modeste à venir
Et voilà, le tour est joué ! Enfin, presque. Pour espérer s’écouler sur le marché européen, cette Peugeot E-Legend reposant sur une base américaine aurait bien évidemment besoin de modifications pour se conformer aux règles d'homologation européennes. Mais rien de bien méchant, à priori, d’autant qu’il s’agirait d’un modèle 100 % électrique n’ayant que faire des normes de dépollution. Une voiture d’exception, c’est vrai, et réclamant probablement aux alentours de 80 000 €, selon notre estimation, si elle venait à voir le jour. Mais cette facture pourrait largement s’abaisser sachant qu’il se murmure que Dodge prépare une variante plus modeste, délivrant environ 300 ch.
Ne manque plus que la volonté
Bref, tout semble réuni pour que la Peugeot E-Legend se concrétise enfin, à moindre coût. Ne manque plus que la motivation des équipes dirigeantes de Stellantis, Carlos Tavares et Linda Jackson, l'actuelle patronne du Lion, en première ligne. Alors, partants ?
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Pour résumer
Élevée au rang de phénomène, lors du Mondial de l’automobile 98, elle fut un temps promise à la production avant que Peugeot ne se déballonne. Et si, six ans plus tard, elle revenait sur le devant de la scène ?