"ONF FUMIER ORDURE" peut-on lire sur ce panneau dans une forêt d'Île-de-France.
Pourquoi tant de haine ? L'établissement chargé de la gestion des forêts publiques va procéder à une coupe sur les châtaigniers. Mais dans cette histoire, l'ordure n'est pas celle qu'on croit.
En effet, l'ONF n'y va pas de gaieté de cœur : sous ces latitudes, les châtaigniers sont condamnés à terme. La cause ? Le changement climatique, et plus précisément, la maladie de l'encre.
Elle est appelée ainsi parce qu'elle se traduit par des taches noires qu'on retrouve sur la base des troncs des châtaigniers touchés, essence qu'elle touche presque exclusivement. Le pathogène en question, le phytophthora, est un organisme qui se situe entre le champignon et une algue. On le trouve en France depuis le milieu du XIXᵉ siècle, mais c'est grâce au changement climatique qu'il se développe ces dernières années : Les hivers rigoureux qui limitent son développement se font de plus en plus rare.
En s'attaquant aux racines, il diminue fortement la capacité des arbres à absorber l'eau. Les arbres se retrouvent alors encore plus vulnérables aux sécheresses, sécheresses aggravées par le changement climatique. C'est l'effet kiss cool. Et il n'y a pas de traitement efficace à ce jour de cette maladie.
Contrairement au tagueur champêtre, les agents de l'ONF savent tout ça, et préfèrent valoriser le bois vivant qu'attendre que l'arbre dépérisse et tombe sur le crane d'un promeneur. Ensuite, ils replantent des espèces plus adaptées à un climat qui change : des chênes sessiles, des tilleuls à petites feuilles, des alisiers, des cormiers et quelques résineux.
Le fumier ou l'ordure ici, ce n'est pas l'agent de l'ONF qui œuvre pour qu'il y ait encore une forêt à cet endroit au milieu du siècle, c'est le changement climatique. Il aurait plutôt fallu taguer sur la porte d'entrée des bureaux de Total ou de sa propre voiture.
Le changement climatique, ce n'est pas seulement un pull qu'on enlève. C'est beaucoup plus complexe que ça. Et au vu du ressentiment que suscitent certaines actions de l'ONF, on n'a pas fini d'avoir besoin de pédagogie.