Excellente analyse Noël Situationnelle et prospective.
💬 Ce qui se cache derrière la nouvelle gouvernance de Kingfisher plc et ce que cela peut nous inspirer pour le monde des grandes entreprises : ➡ Kingfisher plc annonce la suppression de son comité de direction France et réintègre ses responsabilités actuelles dans les 2 enseignes du groupe (Castorama France, BRICO DEPOT), tout en maintenant quelques fonctions transverses. Si Thierry Garnier, le CEO groupe, explique que "Castorama et Brico Dépôt France ont des stratégies claires et distinctes" pour justifier la nouvelle organisation, on peut aussi lire en filigrane, qu'à l'instar d'un grand nombre de grandes entreprises, Kingfisher avait peut-être localisé ses décisions trop loin des enseignes et des magasins. ➡ Dans tous les cas de figure, la suppression d'un niveau "supra-entreprise" est sans doute un pas positif vers plus de "subsidiarité". -> La subsidiarité est un principe qui consiste à prendre les décisions non pas au niveau le plus élevé de la hiérarchie, mais au niveau où c'est le plus efficace. Le niveau le plus efficace étant celui où l'on dispose du meilleur "point de vue" pour apprécier une situation et pour agir en conséquence. -> La décision de Kingfisher plc pourrait peut-être se répéter dans d'autres grandes entreprises, dans les mois et les années à venir, sachant que beaucoup d'entre elles (CAC 40...) parviennent à un "point critique", où l'accroissement régulier du "niveau de contrôle" par le "haut de la pyramide", finit par aboutir à beaucoup d'immobilisme (complexité et longueur des process de décision) et à trop d'inefficacité (lorsque des décisions "hors sol" ne peuvent être appliquées ou ne produisent pas les effets escomptés). -> La volonté de contrôle des "états-majors" passe souvent par la centralisation croissante de tous types de décisions aux plus hauts niveaux de la hiérarchie, la multiplication des procédures et la croissance effrénée des fonctions centrales (au siège social). -> D'ailleurs, lorsqu'une grande entreprise procède à une cure d'amaigrissement de ses effectifs "siège", c'est bien souvent le symptôme visible d'un excès de centralisation et de contrôle jusqu'à présent. Et, dans ce cas-là, réduire les effectifs sans revoir l'organisation, avec plus de subsidiarité et moins de procédures... conduit bien souvent à l'épuisement des "troupes" et à la "catastrophe industrielle". ➡ Bref, il est fortement recommandé aux CEO et cadres dirigeants qui (se) reconnaitraient leur propre entreprise, d'après les symptômes ci-dessus, de réfléchir à la mise en place d'une organisation repensée, en appliquant les principes de subsidiarité, de décentralisation et de simplification des normes et procédures. ➡ Au-delà des entreprises privées, l'Etat français gagnerait sans doute à se poser des questions similaires... surtout lorsqu'on pense aux ARS (Agences Régionales de Santé) et autres structures du même acabit.