S’il existe un site qui concentre en lui le meilleur comme le pire de ce peut être la transparence en démocratie, c’est bien Wikileaks. Vendredi, le site de Julian Assange en a offert un nouvel exemple avec la mise en ligne de 19 252 e-mails et 8 034 pièces jointes de sept dirigeants du Conseil national démocrate (DNC), qui organise la primaire du Parti Démocrate aux États-Unis.
Illégale et réalisée dans des conditions douteuses qui ont exposé les coordonnées bancaires de militants, la divulgation de ces courriels est toutefois perçue comme un geste démocratique nécessaire par les partisans de Bernie Sanders. Ils ont très vite obtenu la tête de Debbie Wasserman Schultz, la présidente du DNC, forcée à la démission.
Les messages publiés confirment en effet, sans ambiguïté possible, la partialité du Conseil en faveur de la candidate Hillary Clinton, ce qui jette une lumière dans le processus démocratique américain, où les candidatures indépendantes n’ont aucune chance d’aboutir. « Ces messages, qui ont été rédigés pendant la campagne aux primaires, démontrent l’immense fossé existant entre le Comité national démocrate et la campagne de Bernie Sanders – certains dirigeants se moquaient de M. Sanders et d’autres ont même remis en question sa foi juive », explique le quotidien canadien Le Soleil.
La main de la Russie derrière Wikileaks ?
Wikileaks n’a pas expliqué la provenance des courriels ni même, comme il le fait parfois, assuré qu’ils provenaient d’une source indépendante dont il aurait vérifié la crédibilité et l’absence de motivation politique. Ce silence total sur la source alimente donc la thèse rapidement développée par le camp Clinton, qui n’accuse pas celui de Bernie Sanders d’être à l’origine de la fuite, mais plutôt celui de Donald Trump. Il aurait même partie lié avec la Russie, l’ennemi historique des USA.
Robby Mook, le président de la campagne de Mme Clinton, a en effet assuré sur CNN que des « experts » auraient indiqué aux Démocrates que « des acteurs étatiques russes ont pénétré le DNC, volé ces e-mails, et d’autres experts disent désormais que les Russes divulguent ces e-mails pour aider Donald Trump ». Le candidat Républicain est soupçonné d’avoir assoupli son discours, en faveur de Vladimir Poutine, et d’avoir obtenu en retour l’aide de ses hackers.
Déjà le mois dernier, le Washington Post avait indiqué que des hackers russes employés par la Russie avaient réussi à pirater des serveurs du DNC et à obtenir des copies de courriels, de transcriptions de messageries, et de recherches sur le candidat Donald Trump, qui pourraient être utilisées pendant la campagne. Une entreprise de sécurité informatique employée par le DNC, CrowdStrike, aurait découvert deux groupes différents de hackers derrière ces attaques (et d’autres conduites contre des institutions américaines), surnommés Cozy Bear et Fancy Bear. Ce dernier aurait été impliqué aussi dans le piratage de TV5 Monde. Dans un billet de blog, CrowdStrike avait affirmé que ces groupes étaient financés par la Russie elle-même, voire qu’ils étaient directement issus de services de renseignement russes.
L’accusation est difficile voire impossible à prouver, mais elle promet certainement de jeter le trouble dans la campagne, et d’obliger les Américains à écouter d’une oreille attentive le discours de Donald Trump sur la Russie. C’est là le principal effet recherché, qui détourne aussi l’attention du véritable scandale interne révélé par les courriels du DNC, qui confirment la partialité maintes fois dénoncée par Bernie Sanders.
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