Still Wakes the Deep nous emmène sur une plateforme pétrolière en proie à un mal étrange. L’expérience, stressante, alimente des phobies avec réussite. Notre verdict.

Un électricien au passé trouble pensait échapper à son destin et à ses responsabilités familiales en allant se terrer sur une plateforme pétrolière, à l’abri de tout. Mais il ne pensait certainement pas troquer un cauchemar pour un autre. Alors qu’il se fait éjecter sans ménagement par son patron tyrannique, un mal mystérieux l’empêche de retourner à sa réalité d’avant. Le voilà bloqué dans un enfer, en plein milieu d’une mer du Nord hostile et agitée. Très vite, il sera pris d’hallucinations et le manque d’issues va s’avérer palpable.

Développé par un studio spécialisé dans les jeux d’horreur et les « walking-simulator », Still Wakes the Deep est un huis clos qui se nourrit de multiples peurs (claustrophobie, acrophobie, aquaphobie, nyctophobie…) pour instiller un sentiment de malaise chez la joueuse ou le joueur. Il se permet en prime de s’inspirer de certains ténors du genre. On pense beaucoup à The Thing de John Carpenter quand on avance dans les profondeurs bizarroïdes de Still Wakes the Deep. On préfère vous prévenir : c’est ultra-stressant et on en connaît qui ne tiendront pas plus de dix minutes avant de reposer la manette.

Still Wakes the Deep est un jeu très stressant

Disponibilité

Still Wakes the Deep est disponible depuis le 18 juin sur PS5, Xbox Series S, Xbox Series X et PC. On le trouve aussi dans le Xbox Game Pass.

Pour réussir à surprendre et à tenir pendant les quelques heures de jeu (entre 4 et 6 heures), les développeurs de Still Wakes the Deep se devaient de soigner l’immersion. Pour ce faire, il n’y a rien de mieux qu’un habillage aux petits oignons, aussi bien visuel que sonore. Le sound design est particulièrement saisissant. Il s’appuie sur des moments de silence très pesants, pendant lesquels on entend parfois les grincements d’une immense coque en métal chahutée par les vagues. Chaque bruit est pensé pour être accablant. On sent que Still Wakes the Deep maîtrise son sujet quand il faut caresser nos tympans et nous flanquer une peur… bleue.

Le sound design est particulièrement saisissant

Sur le volet graphique, le titre s’en remet au puissant moteur Unreal Engine 5 et à ses environnements étriqués, qui permettent de ne pas éparpiller les ressources. On a vu plus beau que Still Wakes the Deep, mais la gestion des éclairages — primordiale dans un jeu d’horreur — et la modélisation globale plaident en sa faveur. L’image est volontairement granuleuse pour renforcer l’argument cinématographique et, parfois, on a clairement le sentiment de naviguer dans des ténèbres réalistes. À tel point qu’on n’y voit pas grand-chose.

Still Wakes the Deep // Source : Capture Xbox
Il y a de jolis éclairages. // Source : Capture Xbox

C’est aussi avec de beaux efforts sur l’écriture que Still Wakes the Deep parvient à briller. Si son scénario est simpliste et recycle des thématiques éculées (l’abandon, la perte, la fuite), le casting qui entoure le héros est suffisamment travaillé pour donner de l’épaisseur à l’aventure (d’autant que les performances vocales sont excellentes et qu’on peut y jouer en gaélique écossais). On repense par exemple à ce personnage qui a un besoin d’insuline et qui ironise quand on met en doute son état d’urgence — « Et si j’en discutais deux secondes avec mon pancréas, hein ? » Ces états d’âme partagés en permanence, héritage d’un jeu très bavard, permettent aux lieux d’avoir un semblant de vie. Avant que tout ne soit définitivement abandonné.

La vie La mort

En revanche, n’attendez pas de Still Wakes the Deep des mécaniques de gameplay gratifiantes. Il assume à 100 % le fait de nous mettre dans le costume d’un monsieur-tout-le-monde incapable de se battre. Armé d’un vulgaire tournevis, le héros se contente de réaliser des tâches simples. Dévisser des boulons pour se faufiler dans un conduit d’aération, grimper à une échelle, se réchauffer les mains, tourner des manivelles… Et, bien sûr, échapper à des créatures hostiles en participant à des jeux de cache-cache, où la défaite signifie la mort, ou à des courses-poursuites haletantes au sein de décors qui s’effondrent.

Still Wakes the Deep // Source : Capture Xbox
Si c’est jaune, on peut y aller // Source : Capture Xbox

N’espérez pas non plus un terrain d’exploration formidable dans Still Wakes the Deep. Le jeu n’est finalement qu’un immense couloir au sein duquel on est sans cesse dirigé, et où on fait un peu toujours la même chose. The Chinese Room va jusqu’à baliser le chemin avec des murs invisibles, des remarques du héros (qui nous dit précisément ce qu’il faut faire) et des indicateurs colorés. Les échelles, comme les points d’accroche, sont en jaune. Pour s’égarer de manière volontaire sur la plateforme pétrolière, il faut vraiment le vouloir. De toute façon, personne n’aurait envie d’y passer des heures et des heures.

Le verdict

Still Wakes the Deep // Source : Capture Xbox
7/10

Still Wakes the Deep

Voir la fiche

Grâce à des graphismes soignés (merci l’Unreal Engine 5) et un excellent travail sur le sound design, Still Wakes the Deep nous plonge dans une ambiance malsaine, en plein cœur d’une plateforme pétrolière chahutée par les vagues et un mal étrange. Le studio The Chinese Room exploite à merveille cette unité de lieu atypique, en imaginant une aventure stressante qui fera naître des phobies.

En revanche, il faut accepter de ne pas faire grand-chose d’excitant dans Still Wakes the Deep, qui se contente d’un gameplay simpliste pour mélanger des moments de pause et des séquences plus haletantes. En résulte une expérience qui se vit presque d’une traite, à condition d’avoir peur ni de l’eau, ni du vide, ni des espaces étroits. Oui, ça fait beaucoup.

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