« La conduite autonome généralisée est un problème compliqué, puisqu’il faut composer avec l’intelligence du monde réel. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit si dur, mais le challenge est évident en y repensant. Rien n’a plus de degré de liberté que la réalité » : cette phrase a bel et bien été écrite par Elon Musk, le 3 juillet, en réponse à un propriétaire Tesla qui s’impatiente de disposer de la future mise à jour de l’Autopilot (promise depuis plusieurs semaines) et de ce que le constructeur appelle la ‘Capacité de conduite entièrement autonome’ (facturée 7 500 euros).
Ce discours est étonnant de la part d’Elon Musk, qui a toujours fait preuve d’un grand optimisme en matière de conduite autonome. Il suffit de se replonger dans quelques archives pour voir à quel point il a accumulé les promesses difficiles à tenir. Dès septembre 2015, il annonçait « de la conduite autonome d’ici 3 ans ». Et, fin 2020, il disait encore : « Je suis très confiant sur notre capacité à terminer la conduite 100 % autonome et à l’intégrer à notre flotte l’année prochaine ». La réalité est tout autre.
L’évident éclair de lucidité d’Elon Musk
On ne peut pas vraiment en vouloir à Elon Musk. Celles et ceux qui suivent son compte Twitter savent combien il a tendance à se laisser emporter par l’optimisme, dès qu’il est question de voitures autonomes. La réalité est un peu moins enthousiasmante : en 2021, la conduite autonome n’existe qu’au travers d’aides à la conduite permettant de s’assurer des trajets plus tranquilles. On est encore loin du lâcher prise.
Les raisons qui expliquent le retard pris par le développement de la conduite autonome sont multiples. On parle d’une technologie balbutiante qui ne peut pas vraiment s’épanouir dans un cadre législatif clair. Par conséquent, les acteurs engagés avancent dans l’inconnu — ce qui implique des concessions, des limites et des tâtonnements. Et si avancé soit-il dans le domaine, Tesla est obligé de prendre des pincettes (marteler qu’il faut garder les mains sur volant) quand les propriétaires essaient des fonctionnalités très avancées. À l’heure actuelle, la ‘Capacité de conduite entièrement autonome’ n’est disponible que sous la forme d’une bêta.
L’Autopilot, régulièrement mis à jour, reste sujet aux aléas des entités logicielles : les évolutions promises sont parfois retardées. Le fait est que lesdites évolutions ont été payées par les propriétaires (7 500 euros pour rappel) et qu’il est légitime, à leurs yeux, de signaler à Elon Musk leur impatience. On en a même vu un renommer sa voiture ‘Two Weeks’, en référence aux deux semaines de délai indiquées par le milliardaire le 6 juin — soit il y a exactement un mois. Il faudra leur rappeler que ce pack payant reste un pari sur l’avenir et qu’il ne faut pas précipiter l’évolution d’une technologie liée à la route, avec les dangers que cela implique.
Bref, Elon Musk doit freiner son optimiste. Et les propriétaires leur impatience.
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