Indigenous languages in Gabon

Histoire

La sauvegarde des langues autochtones au Gabon : l’exemple des Baka et Koya

La disparition progressive de certaines langues, dont plusieurs langues autochtones, est liée à la situation de vulnérabilité des locuteurs, dont l’emploi effectif de leur propre langue dépend au quotidien de leur situation socioculturelle, économique, politique, environnementale et démographique.

Les Baka du Gabon font partie d’un continuum culturel incluant d’autres composantes de peuples assimilés au groupe pygmée, tels que les Aka, les Mbuti, les Twa, les Efe, les Asua, les Koya, les Bongo et bien d’autres évoluant dans le bassin du Congo. Ils sont à cheval entre plusieurs pays d’Afrique centrale, notamment dans la Région du sud du Cameroun et dans le nord du Gabon.

L’une des caractéristiques des communautés Baka et Koya est qu’elles habitent souvent assez loin des centres urbains et des centres de décisions ; elles sont relativement marginalisées dans la mesure où on les rencontre dans des zones assez reculées qui se situent loin de la capitale du pays, Libreville, et des centres urbains provinciaux ou régionaux.

S’appuyant sur le Plan d’action mondial de la Décennie internationale des langues autochtones, l’UNESCO, avec la Commission nationale gabonaise pour l’UNESCO, a commencé un projet intitulé « Je parle koya. Je parle baka », avec le soutien du Laboratoire « Langues, Culture et Cognition » et de la Chaire UNESCO « Bantuphonie : Langues en danger, savoirs endogènes et biodiversité » de l’Université Omar Bongo de Libreville. Ce projet porte sur la sauvegarde et la valorisation de ces deux langues autochtones au Gabon : le Koya, parlé dans le nord-est du Gabon, et le Baka, parlé dans le nord du pays.

En juin 2023, une enquête ethnographique a été menée à Minvoul pour les Baka (Bitouga, Doumassi, Elarmitang) et à Mékambo pour les Koya (Malondo, Imbong, Ibeya et Zoula). Des expressions courantes, des termes pour le lexique de base et un lexique culturel ont été collectés. Des capsules ont été produites pour diffusion sur les réseaux sociaux et à la télévision. 

En 2006, l’UNESCO publiait l’ouvrage « Lexique Koya : Langue des pygmées du Nord-Est du Gabon » pour contribuer à la sauvegarde de cette langue autochtone.

L'approche ethnographique a permis de comprendre de manière holistique la vie, la langue et la culture des deux communautés. Cette démarche a été guidée par une profonde reconnaissance de la particularité de ces groupes ethniques, de leurs pratiques culturelles et de la vulnérabilité de leur langue. Une trentaine d’interlocuteurs dont les âges oscillent entre 20 et 60 ans ont été mobilisés. 

Les outils de collecte de données utilisés comprenaient des élicitations linguistiques, des entretiens semi-directifs, et des observations directes. Les élicitations linguistiques ont permis aux membres des communautés Baka et Koya de partager librement leurs connaissances linguistiques et culturelles, tout en favorisant des discussions ouvertes et authentiques.

Indigenous languages in Gabon
Koya children, Malondo, Mekambo.
Indigenous languages in Gabon
Open-air kitchen, Mékambo
Indigenous languages in Gabon
A snapshot of a meeting in Mékambo.
Indigenous languages in Gabon
A snapshot of a meeting in Minvoul.
Indigenous languages in Gabon
View of a public meeting with the Baka, Minvoul.

L'Atlas des langues en danger dans le monde de l’UNESCO indique que 40 % des langues parlées dans le monde sont menacées. Dans ce contexte, les Nations Unies ont déclaré la période 2022-2032 la Décennie internationale des langues autochtones, afin de sensibiliser le public à leur importance au profit des locuteurs.