L’idée est séduisante : avec les terres excavées du Grand Paris, on allait produire des briques, des enduits, des mortiers. Avec, on bâtirait des écoles, des médiathèques, des logements. La ressource ne manque pas. A lui seul, le nouveau métro, le Grand Paris Express, doit sortir 47 millions de tonnes de terre. Soit 27 centimètres de plus à étaler sur toute l’Ile-de-France.
Cycle terre, une fabrique de briques de terre crue, est lancée à Sevran, en Seine-Saint-Denis. Tout le monde applaudit, soutient. Des chantiers se lancent, des architectes prescrivent ce matériau local, universel, réutilisable à l'infini, une alternative au tout béton, une solution aux deux grands maux de la construction : l’émission de gaz à effet de serre et la production démesurée de déchets.
Puis un concours de circonstances (la crise de ces deux dernières années, des soucis techniques, un chantier qui part en fumée et une production qui reste sur les bras) a mis un terme au premier chapitre de l'histoire Cycle Terre, mi-avril. Tout n'est pas terminé. Les cofondateurs de la fabrique, Paul-emmanuel LOIRET, mais aussi Ludovic Boepsflug, pilotent un projet de redémarrage. Des investisseurs se font connaître.
Ces espoirs et déboires racontent la fragilité d’une filière qui a encore besoin de soutien pour se faire une place parmi les mastodontes. Pourtant, les projets se multiplient. Philippe Madec vient de rénover un grand chai bordelais en pisé. A Paris, dans la cour d'une école du XXe arrondissement, L'Atelier Senzu a construit le premier bâtiment en pisé porteur de la capitale. A Bagneux, c'est la ccopérative Les Grands Moyens scop qui a livré un immeuble de 6 étages avec 150 murs en brique de terre crue. Non sans quelques mésaventures. Ils ne s'en cachent pas, mais ne se découragent pas pour autant. Tandis qu'à Mayotte, l'équipe d'Encore Heureux architectes relance la filière de terre crue sur l'île en construisant le lycée de Longoni, là où sont formés les professionnels du bâtiment, avec plus de 100 000 briques. Des artisans se convertissent, et vendent même leur production aux habitants qui retrouvent le goût de la construction traditionnelle.
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