Dans La pouponnière d’Himmler, Caroline de Mulder explore la banalité du mal de l’Allemagne nazie dans le cadre du Lebensborn, un programme de nurseries initié par Himmler en 1935.
Ce programme avait pour but de fournir une nouvelle génération au « sang pur » en remplacement des jeunes Allemands tombés au combat.
On suit tout d’abord Renée, qui a dû fuir la France après une relation avec un soldat SS. Enceinte, elle rejoint la première nurserie du programme Lebensborn en 1944, en Bavière.
À ses côtés, Helga, une jeune infirmière allemande, cherche à remplir son rôle du mieux qu’elle peut.
Elle prend peu à peu conscience de la banalité du mal qui l’entoure, et se retrouve face à un dilemme moral : continuer à obéir ou se révolter ?
Enfin, il y a Marek, prisonnier polonais du camp de Dachau. Il représente un double masculin aux antipodes du confort des pensionnaires de la nurserie, et permet d’ajouter un dose de suspense au récit.
Ce roman choral converge en une question philosophique insoluble : comment un endroit dédié à la vie peut-il être corrompu par une idéologie mortifère aux antipodes de sa fonction initiale ?
Plus de cinquante ans après le compte rendu du procès d’Eichmann par Hannah Arendt, Caroline de Mulder décrit avec brio comment la banalité du mal peut s’insinuer dans chaque recoin de la société.
La confrontation des trois principaux protagonistes révèle, dans un parallèle macabre, la supercherie du projet d’Himmler : les nurseries, ces « camps de la vie », sont l’envers des camps de la mort auxquels Marek cherche à échapper, mais charrient les mêmes mécanismes mortifères.
Caroline de Mulder nous livre un roman utile, d’une grande précision et au style qui témoigne d’une grande maîtrise. Un livre à lire sans hésitation !
Publié chez Editions Gallimard ; Critique complète à lire en commentaire ;)
—
PS : Je suis le fondateur de La langue française, média spécialisé sur tout ce qui touche au français
➡ pour ne rien rater, suivez-moi via mon profil (Nicolas Le Roux)
