⚠️Erosion côtière : 450 000 logements menacés❗
Exceptionnellement, permettez-moi de ne pas rester dans l’analyse juridique pour pousser un vrai coup de gueule : quand prendra t-on sérieusement en compte le recul de nos côtes ?
Mercredi dernier, le CEREMA a (enfin) publié deux rapports et deux cartes pour estimer l’état de notre littoral en 2028, 2050 et 2100.
Cette agence publique reconnait elle-même s’être basée uniquement sur la tendance historique du recul chronique de nos côtes mesurée en 2009-2011, sans prendre en compte, ni les évolutions plus récentes, ni les tempêtes et autres changements climatiques, aux conséquences certes « imprévisibles » mais, de son propre aveu, beaucoup plus impactantes.
Pourtant, les chiffres publiés font déjà froid dans le dos : si « seulement » 1046 bâtiments disparaitront en 2028, ils seront 6742 en 2050 et plus de 510 000 en 2100, dont 450.000 logements !
Et il faudrait ajouter 117 campings (982 en 2100) ou encore 200 routes coupées dès 2050.
900 km, soit 20% de notre linéaire côtier, sont affectés et face à ce terrible fléau : rien ou si peu.
Sur les 500 communes concernées, seules 240 se sont engagées « volontairement » à simplement réaliser des cartes d’exposition locales et 75 s’apprêteraient à les rejoindre, selon le CEREMA.
Même les constructions ne sont pas interdites : on peut juste obliger les propriétaires à démolir leurs futurs bâtiments lorsque leur sécurité ne pourra plus être assurée au-delà d’une durée de 3 ans (Article L.121-22-5 du code de l’urbanisme).
Pour faire simple : l’action des pouvoirs publics s’est limitée à instituer de nouvelles règles de calcul du droit de préemption et un nouveau bail, comme si de tels outils juridiques pouvaient combattre l’érosion de notre territoire.
Pour le moment aucune autre mesure, alors que les dégâts sont estimés à 240 Millions d’euros en 2028, plus d’un milliard en 2050 et 94 Milliards en 2100, sans compter les bâtiments administratifs et les infrastructures, trop « hétérogènes » pour être sérieusement évalués selon le CEREMA.
L’Etat renvoie la question aux collectivités locales, lesquelles disent ne pas avoir de toute manière les moyens financiers pour prendre les mesures nécessaires.
Bref, pendant que les pouvoirs publics discutent du sexe des anges, beaucoup continuent d’investir dans l’ignorance de la disparition programmée de leurs biens.
Ainsi, ne croyez-vous pas que cette myopie puisse expliquer l’absence de corrections des prix dans les stations balnéaires, à commencer par les « premières lignes » toujours aussi cotées ?
Pour consulter les rapports et les cartes : Evaluation des enjeux exposés au recul du trait de côte à court, moyen et long terme | GéoLittoral (https://lnkd.in/extbXcy7)
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