Proxénétisme, exploitation par le travail ou encore celle de la mendicité… Les services statistiques des ministères de l’intérieur et de la justice ont publié mardi 15 octobre un rapport sur la traite et l’exploitation des êtres humains enregistrées en France, révélant les principales tendances de ce phénomène criminel ces dernières années.

Il s’agit de la troisième étude sur cette thématique, réalisée à partir des données sur les victimes, les mis en cause et auteurs, dont la publication intervient à quelques jours de la journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, le vendredi 18 octobre.

► + 6 % de victimes entre 2022 et 2023

En 2023, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 2 143 victimes de traite ou d’exploitation des êtres humains, soit environ 3 victimes pour 100 000 habitants. Le nombre de victimes est en hausse de 6 % par rapport à 2022, et de 49 % par rapport à 2016.

Si le nombre de victimes d’exploitation par le travail a reculé de 4 % sur la période 2022-2023, le nombre de victimes de proxénétisme et d’autres formes de traite des êtres humains a, lui, augmenté (respectivement + 5 % et + 12 %).

Un peu moins de moitié (43 %) des victimes enregistrées en 2023 sont de nationalité française et 22 % d’un pays d’Afrique. Le nombre de victimes de ces deux groupes est en hausse, tandis que la part des victimes de nationalité d’un pays d’Amérique, d’Asie et d’Europe baisse légèrement.

► Deux victimes sur trois sont des femmes

64 %, c’est la part des femmes parmi les victimes de traite ou d’exploitation enregistrées par les services de sécurité. Selon les formes d’exploitation étudiées, le rapport ministériel note que les femmes sont surreprésentées parmi les victimes de proxénétisme enregistrées (96 %) et d’exploitation de la mendicité (54 %). Les femmes sont également fortement surreprésentées parmi les victimes de 10 à 24 ans.

Les hommes, eux, sont majoritaires parmi les victimes d’exploitation par le travail (69 %).

► Une victime sur cinq est mineure

L’année dernière, quelque 400 mineurs ont été enregistrés par les autorités comme victimes de traite ou d’exploitation des êtres humains. Ils représentent 18,6 % de l’ensemble des victimes enregistrées en 2023, une part en baisse par rapport aux années précédentes (27 % en 2021, et 24 % en 2022).

Trois quarts de ces mineurs ont été victimes de proxénétisme, 10 % d’exploitation par le travail et entre 5 et 10 % d’exploitation de la mendicité. Le nombre de mineurs victimes d’exploitation par le travail a fortement baissé, de 69 %, entre 2022 et 2023.

Le rapport ministériel souligne que la répartition par âge des mineurs victimes enregistrés varie fortement selon la forme d’exploitation étudiée. Ainsi, sur la période allant de 2016 à 2023, les mineurs de 15 à 17 ans sont principalement victimes de traite des êtres humains et du proxénétisme, tandis que deux tiers des mineurs victimes d’exploitation de la mendicité ont moins de 10 ans.

► Plus de 1 900 mis en cause en 2023

L’année dernière, 1 933 personnes ont été mises en cause pour traite ou exploitation des êtres humains par les services de sécurité. Leur nombre reste quasiment stable par rapport à 2022, après avoir baissé (– 8 %) entre 2021 et 2022.

Les caractéristiques des mis en cause restent inchangées : la très grande majorité d’entre eux sont majeurs (92 %) et trois quarts sont des hommes. En outre, 80 % des personnes mises en cause en 2023 sont ressortissantes d’un pays européen et 69 % de nationalité française.

Enfin, le rapport note que 880 personnes ont été condamnées en 2022 pour au moins une infraction du champ de la traite ou de l’exploitation des êtres humains, dont 718 pour proxénétisme.

► Le proxénétisme, principal vecteur d’exploitation

Parmi les types d’exploitation étudiés, le proxénétisme reste le plus dominant avec près de 49 % des victimes enregistrées en 2023. Environ deux victimes sur trois ont moins de 25 ans.

Enfin, les deux services à l’origine du rapport ministériel constatent que les communes les plus peuplées connaissent les plus hauts taux de nombre de victimes pour proxénétisme, soit près de 4 victimes pour 100 000 habitants. Les victimes de proxénétisme sont d’ailleurs surreprésentées parmi les départements frontaliers et ceux d’Île-de-France, en particulier à Paris et dans les Alpes-Maritimes.