Crédit immobilier : « Le taux ne peut pas descendre sous 0% »
Par Thibault Fingonnet SEO & traffic strategist : Camille Radicchi
INTERVIEW – Toucher de l’argent plutôt que de payer des intérêts, voilà ce qui arrive à certains emprunteurs en Europe. Un phénomène qui n’a aucune chance de voir le jour en France, explique la responsable des relations bancaires du courtier Vousfinancer.com Sandrine Allonier.
Toutsurmesfinances.com : Pourquoi parle-t-on actuellement de la possibilité d’obtenir un taux d’intérêt négatifs pour rembourser son crédit immobilier ?
Sandrine Allonier, directrice des relations bancaires du courtier en crédit Vousfinancer.com : Certains emprunteurs, en Belgique et au Danemark, ont commencé à en bénéficier. C’est une première en Europe. Il s’agit pour la plupart d’emprunts à taux variable indexés sur l’Euribor 3 mois [un indice de référence du marché monétaire dans la zone Euro, Ndlr]. La politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne l’a poussé à -0,25% et certains prêts révisables sont ainsi tombés en territoire négatif.
Gagner de l’argent en remboursant son emprunt pourrait-il devenir une réalité en France ?
Actuellement, 99,6% des crédits immobiliers sont souscrits à taux fixe. Il ne peut donc pas baisser, en dehors d’une renégociation de prêt. Pour ceux qui choisissent un prêt révisable, ce serait théoriquement envisageable. En mars, une grande banque a justement suspendu une offre à 0,85% sur dix ans, capée à 1%* et qui aurait donc pu potentiellement tomber en négatif.
Mais le Code civil est très clair : l’emprunteur doit obligatoirement rembourser l’intégralité du capital versé. De plus, certaines banques affichent clairement dans leurs conditions générales d’octroi que le taux d’intérêt ne peut pas descendre en-dessous de 0%.
« Très peu d’emprunteurs sous 0,5% »
Des emprunteurs qui ont souscrit un crédit révisable il y a plusieurs années peuvent-ils cependant profiter d’un prêt à 0% dans ces conditions ?
En 2008, alors que les taux variables se situaient à plus de 5% et l’Euribor à 4,35%, certaines banques ont pratiqué des marges très faibles, jusqu’à 0,60 ou 0,40%, pour attirer des clients. Certaines personnes ont donc pu contracter un prêt révisable et le voir chuter année après année. Aujourd’hui, ils s’acquittent uniquement de la marge bancaire, et lorsqu’elle était très faible, le crédit peut descendre sous 1%.
Il est possible de tomber à 0% dans certains cas vraiment exceptionnels. Par exemple, des employés de banque qui ont pu emprunter à taux variable sans avoir à supporter la marge bancaire peuvent se retrouver dans cette situation. Mais à mon avis, si on cherche dans toute la France, on trouvera très peu de personnes qui remboursent leur crédit à moins de 0,5%.
Dans ce contexte, contracter un prêt révisable redevient-il intéressant ?
Symboliquement, l’actualité laisse penser que les offres variables deviennent potentiellement très attractives. En revanche, cette tendance va dissuader encore plus les banques d’en proposer car tomber en négatif s’avère un casse-tête juridique, informatique et économique pour elles.
Alors que le comité de Bâle préconise un retour au révisable pour que le risque d’une remontée soit partagé entre les prêteurs et les particuliers, les banques s’inquiètent aujourd’hui du risque de taux négatif. C’est ce qui expliquent qu’elles suspendent leurs offres ou qu’elles pratiquent des conditions dissuasives, avec des marges allant jusqu’à 2%. Certains taux variables s’avèrent ainsi supérieurs aux barèmes fixes.
*Le taux varie dans la limite de 1%, à la hausse comme à la baisse.