À propos de l'initiative

Mossoul, symbole du dialogue multiculturel

Mossoul signifie « point de liaison » en arabe.

Depuis 2 500 ans, la ville sert de trait d’union entre les régions du nord et du sud, de l’est et de l’ouest. Grâce à sa situation géographique, elle est devenue un véritable melting pot de cultures et communautés diverses, un creuset de l’identité pluraliste de l’Iraq, marquée par la coexistence de différents groupes ethniques, linguistiques et religieux.

Le riche patrimoine de la vieille ville de Mossoul est longtemps resté bien préservé, avec son dédale de ruelles, ses monuments et ses édifices alliant des éléments des arts architecturaux et décoratifs islamiques et chrétiens nestoriens. Le patrimoine bâti du vieux Mossoul était le reflet des valeurs de tolérance et de coexistence qui y ont prévalu durant de nombreux siècles.

L’architecture de Mossoul se caractérisait par des façades en brique richement décorées, des intérieurs en marbre, des voûtes à muqarnas (décor en forme de nid d’abeille), et par des éléments de maçonnerie, comprenant souvent des motifs décoratifs sculptés et des inscriptions qui ornaient portes, fenêtres et arcades. L’albâtre local, surnommé « marbre de Mossoul », est un exemple de raffinement architectural qui confère à la ville son caractère distinctif.

La Grande Mosquée Al-Nouri était incontestablement l’un des édifices majeurs de la vieille ville. Son célèbre minaret Al-Hadba, haut de 45 mètres, constituait un véritable emblème architectural et un symbole de la ville de Mossoul et de ses habitants. Avec le clocher du couvent dominicain, il dominait toute la ville.

C’est parce que Mossoul était si singulière, multiculturelle et ancrée dans le dialogue interreligieux qu’elle a soudainement été ciblée par Daech. L’invasion de la ville en juin 2014, ses trois années d’occupation et la bataille pour sa libération qui s’est déroulée en juillet 2017 ont entraîné la destruction de 80 % du vieux Mossoul.

Mosul_Al-Nouri Mosque

Des milliers de livres et manuscrits rares, ainsi que des objets anciens issus des bibliothèques, musées et collections mossouliotes ont été détruits ou pillés. Mossoul a été dévastée, son patrimoine réduit à l’état de décombres, ses monuments religieux et ses antiquités culturelles endommagés. Ses habitants ont été déplacés par milliers, profondément traumatisés, et une aide humanitaire massive leur a été nécessaire. L’esprit de Mossoul a été brisé.

Hero Mosul Al-Nouri 02

En février 2018, une conférence pour la reconstruction de l’Iraq a été organisée au Koweït. La communauté internationale a annoncé une forte mobilisation pour la réhabilitation des infrastructures du pays. L’UNESCO a pris position en faveur de la dimension humaine.

« Faire revivre l’esprit de Mossoul » est la plus ambitieuse des campagnes de reconstruction menées par l’UNESCO au cours des dernières décennies. Elle repose sur trois piliers : le patrimoine, la vie culturelle et l’éducation, moteurs essentiels du relèvement de Mossoul.

L’UNESCO reconstruit l’emblématique mosquée Al-Nouri et son minaret Al-Hadba, le couvent Notre-Dame de l’Heure et l’église Al-Tahira, des maisons du patrimoine, la mosquée Al-Aghawat et l’école Al-Ekhlass, tous situés dans la vieille ville de Mossoul.

Mosul_excavations around the minaret

Dans le domaine de la culture, l’Organisation a ouvert un espace culturel et créatif et relancé les festivals culturels de lecture, de musique et de cinéma en plein air. En ce qui concerne l’éducation, outre la réhabilitation des salles de classe, l’UNESCO a mis sur pied un vaste programme de prévention de l’extrémisme violent par l’éducation. L’initiative « Faire revivre l’esprit de Mossoul » profite également aux habitants et habitantes de la région, grâce aux possibilités d’emploi et de formation en alternance qu’elle offre dans les secteurs de la reconstruction et de la restauration du patrimoine culturel. Il s’agit d’un aspect fondamental pour développer les compétences et renforcer l’inclusion sociale en Iraq en cette période critique.

Mosul_EU houses Mosul

« La reconstruction ne réussira et l’Iraq ne retrouvera son rayonnement que si la dimension humaine est érigée en priorité : l’éducation et la culture en sont les maîtres mots. Ce sont des forces d’unité et de réconciliation. »

Audrey Azoulay
Audrey AzoulayDirectrice générale de l’UNESCO