Comment augmenter le chômage ?
Taux de chômage en France - La documentation française, d'après l'INSEE

Comment augmenter le chômage ?

Auteur : Bruno Jarrosson. Préface de Hervé Sérieyx. Editeur : Dunod, 2017

Bruno Jarrosson nous propose un condensé vif et direct, dont la forme iconoclaste et caustique est au service d’une vraie prise de conscience pour la mise en pratique d’actions concrètes. L’ouvrage parcourt les quatre dernières décennies et l’évolution du nombre de chômeurs, passant du plein emploi à 3,5 millions de chômeurs aujourd'hui, voire 6 millions selon les indicateurs.

Pour l’auteur, de tels résultats, hélas homogènes pour tous les Présidents et gouvernements successifs, ne s’expliquent que par un acharnement qu’il qualifie « d’organisation scientifique du chômage ».

Dans un contexte extrêmement rigide (code du travail : 3700 pages), la complexité sans borne d’une administration tracassière décourage les employeurs.

Et, pour augmenter le chômage, nos dirigeants n’ont cessé d’augmenter le coût du travail, notamment en finançant la protection sociale par le travail plutôt que par la consommation (nos charges ont doublé en 40 ans), et en passant aux 35h sans réduction de salaire. Ils ont augmenté le SMIC plus vite que l’inflation et les gains de productivité (de 1970 à 2015 les prix ont été multipliés par 7 tandis que le SMIC a progressé d’un facteur 16, sans compter la diminution de 10% du temps de travail).

En parallèle, le système d’allocations encourage l'oisiveté (169€ d’écart entre le smic et le RSA pour un couple avec 2 enfants). En outre, la France forme des jeunes dans des filières sans débouchés, alors que tant d’offres d’emplois ne trouvent pas de candidats faute du savoir-faire attendu.

Ces constats sont étayés par des citations de Jean Tirole, prix Nobel d’économie, dans l’Economie du bien commun.

L’auteur démonte aussi quelques idées reçues sur les soit-disant causes de chômage : robotisation, ubérisation, Internet, qui au global favorisent les conditions de l’offre et créent du développement économique, tout comme la mondialisation.

Au passage Bruno Jarrosson souligne à quel point les règles budgétaires européennes sont fallacieuses : si le déficit autorisé de 3% était calculé envers le revenu réel couvrant les dépenses de l’Etat, et non envers le PIB, cela correspondrait en fait à un déficit de 18% (intenable). Dans tous les cas ces règles ne sont pas respectées, favorisant le déficit et l’endettement, et donc le chômage.

Parmi les options à venir qui augmenteraient encore le chômage il cite : la sortie de l’euro, la suppression de la TVA, l’interdiction des licenciements, le passage aux 32 heures, les prestations chômage illimitées, et toujours… renoncer aux réformes vertueuses.

Les mesures inverses de tout ce qui précède auraient bien sûr pour effet de réduire le chômage, ce que nombre de nos voisins européens ont réussi; alors, pourquoi ne pas en faire autant ?

Fabienne Audigier - Consultante

Bruno Jarrosson, consultant en stratégie. Né en 1955. Ingénieur Supélec. Il est actuellement directeur associé chez DMJ Consultants. Il conduit de nombreuses missions de stratégie dans des PME. Il enseigne la philosophie des sciences à Centrale-Supélec. Co-fondateur et président de l’AFACE (académie francophone des auteurs et conférenciers d’entreprise) et de l’association Humanités et entreprise. Il est membre de la Ligue des Optimistes de France. Il est auteur ou co-auteur de trente ouvrages et deux pièces de théâtre.

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