Ginkgo biloba
Friedrich Hölderlin, Le Printemps, l’Automne, L’hiver, [1838-1843]. Manuscrit autographe.
Composé entre 1838 et 1843 (L’été avait été composé avant cette période), ces trois poèmes font partie d’un corpus de vingt-sept, écrits au cours des dernières années de la vie du poète (1843). Bien que les titres se réfèrent à des saisons précises, il s’agit en effet d’hymnes à la Nature, rythmés par les effets du temps qui passe. Presque dénués de précisions botaniques ou climatologiques, le poète cherche à capter plutôt les messages mystérieux contenus dans chaque saison : la joie, le « faste », du printemps (« dem Zeichen froher Tage », « jours heureux ») prépare l’intensité de l’été (ici absent) qui garde en gestation déjà les dorures de l’automne (« Und Bilder der Natur dem Menschen oft verschwunden », « Devant l’homme les heures de l’été et les images de la nature ») et le sens final du « vide » de l’hiver (« Das Feld ist leer », « Le champ est vide »).
Le Printemps, faussement attribué à un hypothétique « Scardanelli » en « 1759 », rédigé sur une seule page, rendu comme une unité accomplie, s’oppose au « tout spirituel » de L’Hiver et dialogue avec le ralentissement de L’Automne.
Mais le flux du temps qui annule la séparation des saisons, comme une pleine nourrissante du Nil qui efface les périmètres des champs dessinés par les hommes, remet l’être humain dans une position de spectateur témoin de l’architecture de la Nature (« Die mächtige, die göttlichschöne Natur », « Belle divinement, puissante, la Nature »). Par le regard de l’homme et par sa parole, la nature existe.