En rencontrant, pour la troisième fois depuis le début de la guerre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, vendredi 11 octobre au Vatican, le pape François sait immanquablement que son rendez-vous sera scruté de très près. Depuis l’attaque de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, nombreuses sont les voix, dans le camp occidental, estimant que François n’a pas assez défendu Kiev. Elles lui reprochent, au mieux, une forme de pacifisme naïf, au pire, une réelle inclination en faveur de Moscou.

Les rêves du pape de jouer les médiateurs entre l’Ukraine et la Russie ne se réaliseront jamais, jugent certains, soulignant que ces rencontres entre François et Zelensky, en tournée européenne depuis la veille, sont inutiles. Les derniers mois auront tendance à leur donner raison. Encore faudrait-il ne pas oublier que, depuis le début de la guerre, ce sont tous les efforts de médiation, y compris ceux entrepris par les plus grandes puissances, tentant d’aboutir à un cessez-le-feu, qui ont échoué. Le pape, sur ce point, n’a donc pas fait moins bien que la Chine et les États-Unis.

Il y a pourtant un domaine où il convient de laisser sa chance au pape argentin, c’est celui du terrain humanitaire. Le pape, et la diplomatie vaticane derrière lui, concentre ses efforts depuis plusieurs mois sur la libération d’enfants ukrainiens enlevés en Russie. Non sans succès, aussi modestes soient-ils. Avec d’autres, les diplomates du pape sont ainsi parvenus à obtenir le retour chez eux de quelques dizaines d’otages retenus en Russie. C’est bien peu, diront nos critiques. Et pourtant, lorsque la paix est encore impossible, c’est ce genre de gestes, presque invisibles, qui la font espérer. Le pape François, voix singulière qui s’obstine à appeler à la paix, envers et contre tout, y contribue.