Faudra-il abandonner le saumon à Noël ? Ce dernier serait « une bombe écologie et sociale », selon Seastemik et Data for Good. C’est ainsi que ces deux ONG qualifient la production mondiale de saumons d’élevages. Elles ont publié, lundi 14 octobre, une plateforme nommée « Pink Bombs » (« bombes roses »), recensant des données sur cette industrie.

La France est particulièrement concernée par la question puisqu’elle représente l’un des principaux consommateurs à l’échelle mondiale. Près de 270 000 tonnes ont été consommées en 2021 dans l’Hexagone, soit 4,18 kg par habitant.

La France arrive ainsi au pied du podium des plus gros consommateurs mondiaux et même au premier rang des pays européens. Les États-Unis font tout de même la course en tête avec « une consommation annuelle s’approchant du million de tonnes, suivis par la Russie et le Japon avec environ 500 000 tonnes consommées par an ».

Environ 16 millions de tonnes de CO2 en 2021

Les deux ONG dénoncent l’impact environnemental de la consommation de saumon. D’après elles, l’industrie a émis en 2021 environ 16 millions de tonnes de CO2, « soit près de l’ensemble des émissions de CO2 d’un pays comme la Croatie ».

Environ 90 % de ces émissions seraient émises en amont et en aval de la phase de production. L’alimentation des poissons et leur transport sont notamment mis en cause. La nourriture des saumons d’élevage contient principalement du soja. En 2021, la Norvège a eu besoin de 2 154 km2 de plantation (l’équivalent de la surface du Luxembourg) pour produire de quoi nourrir 1 562 415 de tonnes de saumon.

Ces élevages ne font pas que des dégâts sur terre. De 2018 à 2022, plus de 4 millions de saumons se sont échappés des élevages des 11 plus grands producteurs. Ces poissons diffusent des maladies et parasites et se retrouvent en compétition avec les saumons sauvages pour accéder aux ressources. Ils génèrent aussi un risque de modifications génétiques en se reproduisant avec des saumons sauvages.

Une pollution de plus en plus importante

Alors que le réchauffement climatique a récemment été mis en cause dans plusieurs catastrophes climatiques et que l’objectif de ne pas dépasser le seuil de + 1,5 °C d’augmentation des températures semble de plus en plus difficile à respecter, le saumon, lui, va continuent de polluer de plus en plus.

En effet, leur production ne cesse d’augmenter. Elle a triplé en vingt ans, passant de 1 million de tonnes au début des années 2000 à près de 3 millions de tonnes aujourd’hui. Cela représente l’élevage d’environ 600 millions de saumons chaque année.

Grâce à leurs eaux froides propices aux élevages, les principaux producteurs sont le Chili et la Norvège avec 79 % de la production mondiale.

Ces deux pays pourraient pourtant perdre leur monopole. Seastemik et Data for Good alertent en effet sur le développement de fermes-usines construites sur terre qui permettent d’installer des élevages dans des pays aux eaux plus chaudes.

« En 2021, la capacité de production théorique combinée des élevages de saumons en cages terrestres s’élève à 2,2 millions de tonnes, soit presque autant que la production mondiale de saumons dans les élevages en cages marines (2,7 millions de tonnes) », notent-elles.

À terme, l’ensemble des fermes-usines terrestres pourraient même représenter une augmentation de plus de 90 % de la production mondiale de saumons. D’après les deux ONG, l’élevage de ces nouveaux saumons pourrait ainsi émettre jusqu’à 16,9 millions de tonnes de CO2 par an.