« Plus de 2 millions de Tigréens sont en situation de malnutrition aiguë à cause de la sécheresse et du manque d’aide alimentaire »
Le bruit des armes a cessé au Tigré, et c’est désormais la faim qui tue. Après avoir été dévastée par une guerre civile qui a duré 2 ans, la région du Tigré en Éthiopie est au bord de la catastrophe humanitaire en raison de la famine qui sévit depuis plusieurs mois.
Plus d’un an après la fin de la guerre, près d’un millier de personnes sont mortes de faim dans la région, où 2 millions d’habitants souffrent de malnutrition aiguë. La sécheresse agissant depuis plusieurs années, les réserves alimentaires s'amenuisent et l'aide internationale se fait de plus en plus rare : les autorités régionales ont déclaré l'état de famine.
Dans cette zone semi-aride, les dernières précipitations importantes remontent à l’automne 2022, au moment des derniers combats de la guerre civile. L’Afrique de l’Est dans son ensemble connaît sa pire sécheresse depuis quatre décennies, malgré le récent épisode d’inondations lié au phénomène climatique El Niño en novembre (https://lnkd.in/eZ42-tWf).
Le Tigré est une région rocailleuse habituée aux épisodes d’extrême aridité où près de 141 000 hectares de culture en ont déjà fait les frais cette année, et les récoltes s’annoncent minimes. Un désastre pour cette société agraire, désormais condamnée à attendre le mois de juin avant les prochaines précipitations.
Mais la sécheresse n’est pas le seul fléau qui accable le Tigré. L’ombre de la corruption plane également sur la région, privant ses habitants de l’aide alimentaire vitale. Le Programme Alimentaire Mondial et l'USAID - Bureau for Humanitarian Assistance ont suspendu leurs distributions de nourriture, révélant un vaste scandale de détournement orchestré par les autorités éthiopiennes.
Un autre danger émerge. Le Tigré, l’Ethiopie et le reste de la Corne de l’Afrique risquent d’être victimes du progressif désengagement des partenaires humanitaires internationaux de la région. Les organisations humanitaires se focalisent désormais sur d’autres crises, à Gaza par exemple.
Les Tigréens, confrontés à la double peine de la sécheresse et de la malgouvernance, ne pourront désormais compter que sur leur seule résilience pour survivre. Moins de récoltes, moins d’aide, avec le changement climatique et la multiplication des crises mondiales en filigrane.