L’effondrement de la biodiversité a des conséquences directes et dramatiques sur l’eau, l’alimentation, la santé et le climat.
Selon le dernier rapport Nexus publié par l’Ipbes, les crises environnementales actuelles sont interconnectées, rendant inefficace toute tentative de les traiter de manière isolée.
Ce rapport, fruit de trois ans de travail et approuvé par 147 gouvernements, reflète le consensus scientifique mondial.
L’étude rappelle que plus de la moitié du PIB mondial, soit 50 000 milliards de dollars, dépend directement de la nature, tandis que le coût des pressions exercées sur les écosystèmes atteint entre 10 000 et 25 000 milliards de dollars par an.
Comme le souligne Diana Mangalagiu, coauteure du rapport, ces impacts touchent principalement les pays en développement, les petits États insulaires, les populations autochtones et les communautés locales, mais aussi les personnes vulnérables dans les nations riches.
Les interactions entre crises sont multiples : la pollution de l’air et de l’eau cause 9 millions de décès prématurés, tandis que 33 % des coraux bâtisseurs de récif risquent l’extinction, affectant un milliard de personnes qui en dépendent pour l’alimentation, les médicaments ou la protection côtière.
Le système alimentaire mondial est responsable de 21 à 37 % des émissions de gaz à effet de serre.
De plus, 50 % des maladies infectieuses émergentes sont liées aux changements d’utilisation des terres et à l’empiètement sur les habitats naturels, favorisant les interactions entre animaux sauvages, domestiques et humains.
Le réchauffement climatique, quant à lui, aggrave 58 % des maladies infectieuses connues.
Pour répondre à ces défis, l’Ipbes a analysé 186 scénarios issus de 52 études et propose 70 options de réponses intégrées.
Fabrice DeClerck, coauteur, souligne que le scénario « business as usual » serait catastrophique pour la biodiversité, la santé et les ressources en eau.
À l’inverse, des approches innovantes démontrent leur efficacité.
Par exemple, un projet au Sénégal visant à lutter contre la bilharziose a combiné la réduction de la pollution de l’eau avec l’élimination des plantes aquatiques envahissantes.
Résultat : une baisse des infections, un meilleur accès à l’eau potable et une augmentation des revenus des populations locales.
De manière plus globale, restaurer des écosystèmes riches en carbone, comme les forêts et les mangroves, ou développer des solutions urbaines basées sur la nature, comme les espaces verts, génère des bénéfices multiples en matière d’alimentation, de santé et de lutte contre le changement climatique.
L’un des principaux défis demeure la complexité de ces approches intégrées à grande échelle.
Fabrice DeClerck reconnaît qu’elles sont souvent couronnées de succès au niveau local, mais bien plus difficiles à déployer aux niveaux régional ou national.
Pour maximiser leur impact, une coopération internationale et une prise de conscience accrue des gouvernements seront essentielles.